Portrait alumni - Quentin Chevreau - Machiniste de prises de vues (promo 2021)

Portrait alumni - Quentin Chevreau - Machiniste de prises de vues (promo 2021)

Cette interview met en lumière l'expérience et les conseils de Quentin Chevreau, un ancien étudiant de l'école de cinéma CinéCréatis. Avec trois années passées dans cette école, Quentin a fait le choix de se spécialiser dans la machinerie cinématographique. À travers ses réponses, il partage son parcours, les défis de son métier, ainsi que ses conseils pour ceux qui envisagent de se lancer dans ce domaine en pleine expansion.

Pouvez-vous vous décrire brièvement ?

Bonjour, je m'appelle Quentin Chevreau, j'ai 25 ans. J'ai étudié à CinéCréatis à Nantes, où j'ai suivi l'option image de la promotion 2018 à 2021. Actuellement, je travaille en tant que machiniste de prises de vues dans l'industrie cinématographique.

Pouvez-vous décrire les aspects de votre métier, vos responsabilités quotidiennes et ce que cela implique pour vous ?

En tant que machiniste de prises de vues, je suis en charge des différentes installations nécessaires pour les mouvements de la caméra et la réalisation de ces mouvements. Cela inclut la gestion de la sécurité de la caméra et du cadreur. En tant que machiniste, je suis également en charge de l'installation des projecteurs lorsqu'ils sont en hauteur dans les studios notamment. Je veille à la sécurité des projecteurs, que ce soit au sol ou en suspension. C’est également aux machinistes qui ont la responsabilité du clap. On peut dire que le métier de machiniste de prises de vues est un métier technique au service de l’artistique.

J'exerce cette profession depuis un peu plus de trois ans en tant qu'intermittent du spectacle. Cela signifie que je suis amené à travailler sur diverses productions selon les besoins du moment. Mes contrats sont de durée déterminée et peuvent varier de quelques semaines à plusieurs mois, offrant ainsi une grande diversité dans mon quotidien professionnel.

Qu'est-ce qui vous attire le plus dans votre métier ?

C'est l'absence de routine. Chaque projet est unique, avec des équipes différentes, je fais constamment de nouvelles rencontres. Le fait de ne pas avoir de lieu de travail fixe me permet de découvrir de nouveaux décors chaque jour, parfois inaccessibles au public, comme l’Assemblée Nationale, la galerie des glaces privatisée à Versailles, le Mont Blanc, etc. ce qui nécessite une adaptation constante.

Comme les besoins et demandes du chef opérateur sont toujours différents, ici aussi une capacité d’adaptation est nécessaire. Cela me pousse à me surpasser continuellement, et c'est ce qui rend ce métier passionnant à mes yeux.

Quelles qualités pensez-vous qu'il est nécessaire de posséder pour exceller dans votre domaine ?

Pour exceller dans ce métier, il faut être passionné, débrouillard et manuel, attentif à la sécurité, et curieux des nouvelles techniques. Travaillant en étroite collaboration avec le chef opérateur, nous devons faire preuve de créativité technique pour concrétiser ses idées tout en garantissant la sécurité sur le plateau. L’écoute est elle aussi un atout majeur.

Quel défi considérez vous actuellement comme le plus important à relever ?

Actuellement, mon plus grand défi est de répondre aux contraintes techniques que peuvent représenter certains plans demandés par les chefs opérateurs. Il peut s'agir de mouvements complexes nécessitant une grande expertise technique, mais aussi de plans avec des installations conséquentes en termes de lumière.

Par exemple, lors du tournage du film "Emilia Perez" réalisé par Jacques Audiard, présenté au festival de Cannes cette année, nous avons dû recréer un effet lune dans une carrière. Cela a été possible grâce à un travail en collaboration avec les électriciens de prises de vues pour mettre en place une structure suspendue à une grue de près de 90 mètres de haut, équipée de 16 projecteurs à l'intérieur. C'était un défi technique majeur, mais très gratifiant à relever.

Quelles ont été vos motivations pour choisir ce chemin professionnel ? Pouvez-vous nous parler de votre parcours jusqu'à présent ?

J'ai d'abord envisagé une carrière dans le montage en entrant à CinéCréatis, mais j'ai rapidement réalisé que ce n'était pas pour moi. Après avoir essayé l'assistanat réalisation et ressenti beaucoup de stress, j'ai découvert ma passion pour la machinerie. Ce métier allie ma préférence pour le travail manuel et ma curiosité technique. Il permet aussi de travailler à la fois à proximité de la caméra mais aussi main dans la main avec des électriciens de prises de vues. Malgré les inquiétudes de mes parents concernant le milieu de l'intermittence, j’avoue ne pas avoir de difficultés à trouver du travail, je suis donc heureux d'avoir suivi mon intuition et de m’être inscrit à CinéCréatis.

Après avoir effectué un stage entre ma deuxième et ma troisième année chez TSF, leader de la location de matériel cinéma en France, j'ai décidé de me spécialiser dans la machinerie. Même s'il me restait encore une année d'études à CinéCréatis, j'ai consacré toute cette dernière année à approfondir mes connaissances dans ce domaine.

A la fin de mon cursus, j'ai effectué deux autres stages, dont un à nouveau chez TSF, où j'ai pu renforcer mes compétences techniques et élargir mon réseau professionnel. C'est à la fin de ces stages que j'ai rencontré un chef machiniste, qui m'a conforté dans mon choix de carrière et qui a accepté de me former face à la réalité du terrain.

Au début de ma carrière, j'ai eu la chance de travailler sur des projets prestigieux tels que "L'Abbé Pierre, une vie de combats" de Frédéric Tellier présenté au festival de Cannes en 2023, hors compétition, et "La Bête" de Bertrand Bonello, présentés à la Mostra de Venise en sélection officielle.

Bien que je travaille principalement sur des longs métrages et des séries en tant que machiniste, je reste ouvert à tous types de projets, y compris les publicités, les clips et les courts métrages. Mon objectif à long terme est de devenir chef machiniste. Depuis ma sortie de l’école, je travaille régulièrement avec un chef opérateur, Théo Fauger, également diplômé de CinéCréatis (promo 2016 – 2019). Je pense qu'il est important de rester ouvert à toutes les opportunités, car cela nous permet d'explorer de nouveaux réseaux et de continuer à progresser dans notre carrière.

Comment est-ce que vous voyez les prochaines années ?

Dans les prochaines années, je souhaite progresser dans ma carrière pour devenir sous-chef machiniste dans un premier temps, en assumant des responsabilités croissantes telles que des tâches organisationnelles, avec une gestion des effectifs, du matériel, les relations avec la production sans laisser de côté les tâches que doit assurer un machiniste.

Je suis conscient de la nécessité de me former et de renforcer mes compétences en tant que machiniste puis sous-chef machiniste avant d'aspirer à long terme à un poste de chef machiniste sur de la fiction lourde.

Pourquoi est-ce que vous avez choisi CinéCréatis ?

Je me suis en premier lieu intéressé à CinéCréatis pour sa localisation à Nantes, ville dans laquelle j’ai grandi. Ensuite, en explorant le programme proposé, j'ai apprécié la possibilité de découvrir différents postes dans le domaine cinématographique, comme le montage, le son, l'assistanat à la réalisation, la production, le cadre, etc. Je trouvais important d'avoir une vision globale des métiers du cinéma, car lors d’un tournage, chacun effectue son travail en étroite collaboration avec les autres départements. Il est nécessaire de savoir en quoi consiste le métier des autres pour les aider au mieux tout en avançant de son côté.

A CinéCréatis, la culture cinématographique n’est pas laissée de côté, ici aussi, il me semblait important d’intégrer une école dans laquelle tout ne repose pas uniquement sur la technique. Un bon film est avant tout servi par la mise en scène, elle-même nourrie par des références, et donc par la culture cinématographique aussi large soit-elle. Pour moi, la technique doit être au service de la mise en scène et de l’artistique.

Les stages obligatoires à la fin du cursus étaient également un point fort. Ils permettent de se familiariser avec le milieu professionnel et de créer un réseau de contacts extérieurs à l’école. De plus le réseau d’anciens élèves de l’école est très actif, facilitant les opportunités professionnelles.

Est-ce que vous auriez un ou plusieurs conseils pour ceux qui aimeraient se lancer finalement ? 

Pour ceux qui envisagent une carrière en tant que machiniste de prise de vues, mon conseil serait de foncer sans trop se questionner. Chaque projet, qu’il soit réussi ou non, est une opportunité d'apprentissage. Actuellement, la demande de techniciens est forte, avec la montée en puissance des plateformes de streaming. Faire des stages chez les loueurs de matériel est essentiel pour se familiariser avec les différents équipements. Obtenir le permis poids lourd et des certifications comme le CACES nacelle peuvent être un avantage certain, pouvant être financé par le CPF. Ces formations supplémentaires, non obligatoires, peuvent ouvrir des portes et faciliter l'entrée dans le domaine.

Pour visionner l'interview de Quentin Chevreau, rendez-vous ici !

Un grand merci à Quentin pour cet échange. Vous souhaitez le contacter ? Rendez-vous directement sur son profil !

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